Entre réalité et prospective :
   L'armée de terre française en janvier 1989
 
David DELPORTE
 
 

ÉLÉMENTS ORGANIQUES DES CORPS D’ARMÉE ET DE LA FORCE D'ACTION RAPIDE

 

MISE A JOUR EN DATE DU 10 NOVEMBRE 2018

 

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2 – DÉTAIL DES ÉLÉMENTS ORGANIQUES :

 

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A – LES UNITÉS DE L'ARME BLINDÉE CAVALERIE :

 

Sous le commandement direct du corps d'armée se trouve un régiment de reconnaissance. Cette unité, issue de l'Arme Blindée Cavalerie, assure la reconnaissance avancée et la découverte du terrain au niveau du corps d'armée.

 

Contrairement au 13ème régiment de Dragons parachutistes, régiment d'appui et de recherche dans la profondeur, assurant la reconnaissance et la recherche du renseignement par moyens humains en tout temps et en tout lieu, le régiment de découverte est une unité de combat dotée des mêmes moyens qu'un régiment de cavalerie légère de division d'infanterie.

 

Ce type de régiment assure à la fois la reconnaissance et l'appui blindé au niveau du corps d'armée. En compagnie d’un régiment d'hélicoptères de combat, il s'ancre dans un groupement de reconnaissance et d'intervention de corps d'armée, axé sur l'intervention antichar.

 

Nous pouvons donc considérer (et les militaires russes ne s'y sont pas trompés) que les trois régiments présentés ci-après sont plus que des unités de découverte mais bien des unités dotées de véritables chars de combat capable de coup de poing antichars.

 

Unités

Garnison

Rattachement

Chef de corps

2ème régiment de Hussards

Sourdun

Élément organique du 3ème corps d'armée

Colonel D’HARCOURT

3ème régiment de Hussards

Pforzheim

Élément organique du 2ème corps d'armée

Colonel CELERIER

8ème régiment de Hussards

Altkirch

Élément organique du 1er corps d'armée

Colonel DE BEAUMONT

 

Ces trois régiments de découverte doivent tous trois être dotés en janvier 1989 de trente-six engins blindés de reconnaissance-feu de type AMX-10 RC et de seizesystèmes de tir antichar en tourelle avec missiles « HOT » montés sur autant de véhicules blindés de type « VAB ».

 

Les engins blindés de reconnaissance-feu de type AMX-10 RC dotent les unités de l'armée de terre française à partir de la fin des années 1970 et sont toujours en service de nos jours en version rénovée (AMX-10 RCR).

 

D'une masse au combat de 17 tonnes avec une autonomie sur route de 800 kilomètres pour une vitesse de 85 km/heure, cet engin de combat est doté d'un canon de calibre 105 mm BK/méca L/48 en armement principal et d'une mitrailleuse coaxiale antiaérienne de calibre 7.62 mm AANF1. Particulièrement réussi, il sera considéré comme un char de combat à part entière et non pas comme un engin de reconnaissance par le commandement soviétique qui tiendrons compte des 337 engins construits dans leurs tableaux des effectifs.

 

Le véhicule de lutte antichar standard est le « VAB HOT ». Le véhicule de l'avant blindé ou « VAB » est la bête de somme de l'armée de terre. Construit à plus de 5 000 exemplaires, le « VAB » est employé sous toutes les formes. Doté ici d'un système de tir antichar en tourelle avec missiles « HOT », il équipe les compagnies et escadrons antichar à raison de douze engins.

 

Les trois régiments de cavalerie servant de troupe de découverte sont à l'effectif de 929 hommes et sont dotés de 329 véhicules divers.

 

Ils sont théoriquement organisés, à l'instar des régiments blindés de divisions d'infanterie de la manière exposée ci-après :

 
  • un état-major,

  • un escadron de commandement et des services,

  • 1er, 2ème et 3ème escadrons de combat,

  • 4ème escadron antichars.

 

 

Cependant, face à cette organisation, il est à noter que le 8ème régiment de Hussards est doté, en lieu et place de cet escadron antichar sur « VAB HOT » d’un escadron antichar avec vingt-quatre postes de missiles « MILAN » montés sur véhicules légers tout – terrain de type Peugeot P4. Cet escadron est numéroté en « 3 » dans ce régiment.


Nous verrons que les deux régiments blindés de division d’infanterie motorisée, à savoir les 5ème et 7ème régiments de Chasseurs, sont sur ce modèle.

 

De par leurs missions communes (découverte et coup de poing antichars) les régiments de cavalerie sont associés dans les corps d’armée aux régiments d’hélicoptères de combat et forment ensemble le GRICA (Groupement de reconnaissance et d’intervention de corps d’armée)

 

Merci à Philippe Vilasi pour les informations qu'il m'a transmises.

 

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B – LES UNITÉS D'ARTILLERIE :

 

Passons maintenant au plus gros commandement d'arme, à savoir le commandement de l'artillerie de corps d'armée.

 

Le commandement de l'artillerie de corps d'armée représente une grande part des éléments organiques de corps d'armée avec huit unités en théorie soit :

 
  • une batterie d’artillerie de corps d’armée : il s’agit d’une unité d’aide au commandement pour les unités « Sol-Sol » et « Sol-Air ». Cette unité reprend les traditions d’un régiment d’artillerie métropolitaine ou de l'armée d'Afrique.

 
  • un régiment de surveillance et d'acquisition : Ce régiment n'existe pas en temps que tel, il est en fait un mixage des moyens de surveillance et d'acquisition venant des 6ème et 7ème régiments d'artillerie. Ces deux régiments sont dotés du Radar d’Acquisition et de Surveillance des Intervalles « RASIT » et du drone de reconnaissance rapide de type CL89 « Crécerelle ». Installé sur un véhicule tactique de type « V.A.B » le radar « RASIT » est en mesure de renseigner les corps de troupes sur l'ennemi qu'ils vont rencontrer (position, nature, attitude et volume). Le drone « crécerelle » est un engin tactique « hyper-véloce » doté de capteurs, d'une caméra optique et de senseurs infrarouges. D'une vitesse maximale de 740 km/heure, son plafond est de 3 000 mètres et son rayon d'action est de 70 kilomètres.

 
  • deux régiments d’artillerie « Sol-Sol » à capacité nucléaire : ces unités font parties intégrantes des forces dîtes « préstratégiques » et sont dotées du missile « PLUTON » monté sur châssis AMX-30 en attente de systèmes « HADES » positionnés sur semi-remorques de type RVI R380 - 26T. Le missile « PLUTON » est un système balistique nucléaire à courte portée (cent vingt kilomètres au maximum) d’une puissante de quinze à vingt-cinq kilotonnes.

 
  • un régiment d'artillerie « Sol-Sol » à lance-roquettes multiples : ce régiment prévu en théorie comme élément organique de corps d'armée doit être doté du système de tir à douze roquettes de type « M270 MLRS » [l’acronyme MLRS veut dire « Multiple Launch Rocket System » en anglais ou « système de lance-roquettes multiples » (LRM) en français] monté sur châssis américain « BRADLEY » d’une portée de quarante à cent kilomètres permettant d’ « arroser » 700 hectares de terrain.

 
  • deux régiments d’artillerie « Sol-Air » : ces régiments sont équipés d'un S.A.C.P (Système d'Arme à Courte Portée) de type « ROLAND » enchâssé en tourelle montée sur châssis AMX-30 avec une portée de onze kilomètres. Certains régiments sont encore équipés de canons doubles de 30 mm montés sur châssis AMX-13.

 
  • un régiment de défense « NBC » : ce type de régiment vise à la décontamination des troupes et matériels du corps d'armée. Il est équipé en ce sens de matériels de décontamination portatifs et tractés.

 

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1 – LES BATTERIES D'ARTILLERIE DE CORPS D'ARMÉE :

 

Unités

Garnison

Rattachement

Chef de corps

Batterie d'artillerie du 3ème corps d'armée

Lille

Commandement de l'artillerie du 3ème corps d'armée

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Batterie d'artillerie du 1er corps d'armée

Mercy-les-Metz

Commandement de l'artillerie du 1er corps d'armée

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64ème batterie d'artillerie du 2ème corps d'armée

Offenburg

Commandement de l'artillerie du 2ème corps d'armée

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En temps de guerre, dans l'organisation théorique des éléments organiques de corps d'armée, il est mis sur pied trois batteries artillerie qui sont les organes de commandement de l'artillerie du corps d'armée.


Au 1er janvier 1989, il existe trois unités d'active que sont le 39ème escadron d’artillerie de corps d’armée, la 64ème batterie d’artillerie de corps d’armée ainsi que la batterie d'artillerie du 3ème corps d'armée. Mentionnons que la numérotation des deux premières unités a été choisie pour garder les traditions de deux régiments d'artillerie tant métropolitains -39- que de l'Armée d'Afrique -64-.


De 1978 (date de leur création) à 1984, les unités numérotées en 39 et 64 étaient toutes deux des escadrons, d'un effectif total de 440 militaires et 147 véhicules comprennent d’une manière théorique :


  • un état-major,

  • une batterie de commandement et des services,

  • une batterie de mise en œuvre (batterie de commandement de corps d'armée pour l’artillerie « Sol-Sol » et l’artillerie « Sol-Air »),

  • une batterie d'acquisition d'objectifs (radar SDS DRMT 1A ou 2A).

Au 1er janvier 1989, ce schéma ne s’applique en temps de paix qu’au 39ème escadron d’artillerie de corps d’armée qui administre également la 601ème batterie de défense « NBC » du 1er corps d’armée.

 

En effet en 1984, le 64ème escadron d'artillerie de corps d'armée est dissout, ne reste qu'une batterie de corps d'armée portant le numéro 64 qui administre la batterie de mise en œuvre.
 

En 1989, la situation est donc la suivante : il existe deux batteries et un escadron d'artillerie de corps d'armée.

 

Mentionnons que le 39ème escadron d'artillerie de corps d'armée est également le régiment de soutien du 1er corps d'armée, à l'image des :

 
  • 20ème régiment du train pour le 2ème corps d'armée

  • 43ème régiment d'infanterie et de commandement de corps d'armée pour le 3ème corps d'armée

  • 17ème régiment de commandement et de soutien pour la Force d'Action Rapide

Au 1er janvier 1989, le 39ème escadron d'artillerie de corps d'armée a toujours une batterie d'acquisition d'objectifs dotée du radar SDS DRMT 1A ou 2A.

 

Cette batterie va servir au sein d'une unité de surveillance et d'acquisition qui n'est ni le 6ème ni le 7ème régiment d'artillerie. Une allocution une retranscription du Général (2S) Jaumotte, président de la fédération nationale du repérage et de l’artillerie de renseignement (voir ci-après) nous indique que le 8ème régiment d'artillerie devait être le 3ème régiment de surveillance et d'acquisition.

 

Le radar de surveillance du sol (SDS DRMT 1A ou 2A), est un matériel de 2ème génération dont la conception date des années 1950. Nous le retrouvons également au 6ème régiment d'artillerie de 1964 à 1983 avant que cette unité ne perçoive les radars « RASIT ».

 

Ne pouvant mieux décrire cet appareil laissons la parole au site internet basart.artillerie.asso.fr « Le radar (de surveillance du sol (SDS DRMT 1A ou 2A) monté utilise l’effet Doppler qui discrimine les échos d’objectifs mobiles et d’objectifs fixes. La transposition sonore permet à un opérateur d’améliorer le pointage du radar et de déterminer la nature de l’objectif : piéton, camion, char... Le radariste assure la poursuite manuelle de l’objectif. La surveillance d’un terrain est systématique en distance (tranches de 5km de profondeur) et en gisement (200 à 2800 millièmes). »

 

Ce matériel est installé sur véhicule cargo grande capacité de type Berliet GBC8KT ou Renault TRM 4000 avec remorque tractant le groupe électrogène alimentant le radar. La portée est de 35 km au maximum avec un rendu de 30 km pour un véhicule et de 15 km pour un piéton.

 

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2 – LES UNITÉS DE SURVEILLANCE ET D'ACQUISITION :

 

En janvier 1989, nous dénombrons deux régiments de surveillance et d'acquisitions d'active, à savoir les 6ème et 7ème régiments d’artillerie. En temps de paix, ils sont gérés par :

 
  • le 1er corps d’armée pour le 7ème régiment d’artillerie,

  • le 2ème corps d’armée pour le 6ème régiment d’artillerie.

En temps de guerre, un nouveau régiment serait mis sur pied pour le 3ème corps d'armée. Le 8ème régiment d’artillerie qui teste le Mini Avion de Reconnaissance télépiloté (MART) pourrait être ce fameux régiment.

 

Les 6ème régiment d’artillerie et 7ème régiment d’artillerie ne sont pas des régiments d'artillerie à part entière mais des unités de détection utilisant des moyens de recherche électronique.

 

En effet, le 6ème régiment d’artillerie est doté de deux batteries d'acquisition d'objectifs dotées de radars de type « RASIT » et le 7ème régiment d’artillerie gère trois batteries dotées de drones de reconnaissance rapide de type CL89.

 

En temps de guerre, dans le cadre de leurs activités de surveillance et d'acquisition d'objectifs, le 6ème régiment d’artillerie et le 7ème régiment d’artillerie mixent leurs moyens. Chaque régiment possède alors une batterie de radar et une batterie de drones.


Rappelons qu'en temps de guerre, le 39ème escadron d'artillerie de corps d'armée lâche sa batterie radar qui pourrait aisément se rattacher à un régiment testant le Mini Avion de Reconnaissance télépiloté (MART) ou bien amalgamé une batterie dotée du drone de reconnaissance rapide de type CL89.


 

Unités

Garnison

Rattachement

Chef de corps

6ème régiment d'artillerie

Phalsbourg

Commandement de l'artillerie du 2ème corps armée

Colonel Lespez

7ème régiment d'artillerie

Nevers

Commandement de l'artillerie du 1er corps d'armée

Lieutenant-Colonel Frogez

 

En temps de paix le 6ème régiment d'artillerie est à l'effectif de 546 hommes avec 189 véhicules en dotation. Sa mission est la surveillance du champ de bataille par utilisation du « RASIT ».

 

Comme son acronyme l’indique, le « RASIT » est un Radar d’Acquisition et de Surveillance des Intervalles. Installé sur un véhicule tactique de type « VAB » ou sur camionnettes ce système est en mesure de renseigner les corps de troupes sur l'ennemi qu'ils peut rencontrer (position, nature, attitude et volume). Implanté au cœur du dispositif ami, il permet de détecter toute infiltration ennemie en nos lignes.
 

Le 6ème régiment d'artillerie est organisé en :

 
  • un état-major,

  • une batterie de commandement et des services

  • 1ère et 2ème batteries d'acquisition d'objectifs avec emploi des radars « RASIT ».

 

 

 



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