Entre réalité et prospective :
   L'armée de terre française en janvier 1989
 
David DELPORTE
 
 

ÉLÉMENTS ORGANIQUES DES ZONES DE DÉFENSE

 

MISE A JOUR EN DATE DU 16 AVRIL 2018

 

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I – PRÉSENTATION DES GRANDES UNITÉS DES ZONES DE DÉFENSE :

 

En janvier 1989, six régions militaires, numérotés de « 1 » à « 6 » sont l'inventaire des grandes états-majors de commandement de l'armée françaises sous le commandement direct de l'état-major de l'armée de terre. Elles se divisent en vingt-deux divisions militaires territoriales.  
 

Ces régions militaires sont issues de la réorganisation des régions militaires de la France après la victoire de 1945. En effet, à la fin de la guerre dite de 1870, l'état-major de l'armée française réorganise le corps de bataille et principalement sa structure de commandement.  
 

A cet effet, il est adopté le système dit « prussien » qui fait coordonner structures territoriales et organes de combat et de commandement. Dix-huit régions militaires sont créées sur le sol métropolitain, une dix-neuvième sera créé sur le territoire de l'Algérie alors française.   
 

La première moitié du vingtième siècle ne verra que peu d'évolution à cette organisation. Après la fin de la guerre d'Algérie, le maillage territorial est totalement modifié, dix nouvelles régions sont mises sur pied en métropole et divers corps d'armée sont créés en Algérie.  
 

En effet, de par le décret n° 62-739 du 30 juin 1962, la France métropolitaine se divise en dix régions militaires, elles-même organisées en subdivisions :  

  • 1ère région militaire / Zone de défense de Paris :

    • Subdivision de la région parisienne  

  • 2ème région militaire / Zone de défense de Lille :

    • Subdivision d'Amiens

    • Subdivision de Lille

    • Subdivision de Rouen  

  • 3ème région militaire / Zone de défense de Rennes :

    • Subdivision de Caen

    • Subdivision de Nantes

    • Subdivision de Rennes  

  • 4ème région militaire / Zone de défense de Bordeaux :

    • Subdivision de Bordeaux

    • Subdivision de Limoges

    • Subdivision de Poitiers  

  • 5ème région militaire / Zone de défense de Toulouse :

    • Subdivision de Toulouse  

  • 6ème région militaire / Zone de défense de Metz :

    • Subdivision de Chalons-Sur-Marne

    • Subdivision de Nancy

    • Subdivision de Strasbourg  

  • 7ème région militaire / Zone de défense de Besançon :

    • Subdivision de Besançon

    • Subdivision de Dijon  

  • 8ème région militaire / Zone de défense de Lyon :

    • Subdivision de Clermont-Ferrand

    • Subdivision de Lyon  

  • 9ème région militaire / Zone de défense de Marseille :

    • Subdivision de Marseille

    • Subdivision de Montpellier  

  • 10ème région militaire / Zone de défense de Tours :

    • Subdivision de Tours  


De par les décrets n° 66-106 du 22 février 1966 et n° 67-897 du 12 octobre 1967, trois régions militaires sont dissoutes en France métropolitaine et les sept régions militaires restantes sont organisées en divisions militaires territoriales en lieu et place des subdivisions de région militaire :  
 

  • La 7ème région militaire (Besançon) est absorbée par la 6ème région militaire (Metz). Son numéro est repris par la 9ème région militaire (Marseille) qui devient 7ème région militaire.  

  • La 8ème région militaire (Lyon) devient 5ème région militaire car cette région militaire vient également d'être dissoute.  

  • La 10ème région militaire (Tours) est absorbée par la 1ère région militaire (Paris).  

La situation est donc la suivante en métropole :  
 

  • 1ère région militaire / Paris Zone de défense « de Paris » :

    • 12ème division militaire territoriale / Paris

    • 13ème division militaire territoriale / Tours  

  • 2ème région militaire / Lille Zone de défense « Nord » :

    • 21ème division militaire territoriale / Lille

    • 22ème division militaire territoriale / Amiens

    • 23ème division militaire territoriale / Rouen  

  • 3ème région militaire / Rennes Zone de défense « Ouest » :

    • 31ème division militaire territoriale / Rennes

    • 32ème division militaire territoriale / Caen

    • 33ème division militaire territoriale / Nantes  

  • 4ème région militaire / Bordeaux Zone de défense « Sud-Ouest » :

    • 41ème division militaire territoriale / Bordeaux

    • 42ème division militaire territoriale / Poitiers

    • 43ème division militaire territoriale / Limoges

    • 44ème division militaire territoriale / Toulouse  

  • 5ème région militaire / Lyon Zone de défense « Sud-Est » :

    • 51ème division militaire territoriale / Lyon

    • 52ème division militaire territoriale / Clermont-Ferrand  

  • 6ème région militaire / Metz Zone de défense « Est » :

    • 61ème division militaire territoriale / Nancy

    • 62ème division militaire territoriale / Strasbourg

    • 63ème division militaire territoriale / Chalons-Sur-Marne

    • 64ème division militaire territoriale / Dijon

    • 65ème division militaire territoriale / Besançon  

  • 7ème région militaire / Marseille Zone de défense « Sud » :

    • 71ème division militaire territoriale / Marseille

    • 72ème division militaire territoriale / Montpellier  


En 1976, la 7ème région militaire (Marseille) est d'abord réorganisée en trois divisions militaires territoriales avec la création de la 73ème division militaire territoriale d'Ajaccio (Cf décret n° 76-218 du 4 mars 1976). Elle est ensuite dissoute trois mois plus tard et ses trois divisions militaires territoriales s'amalgamant alors aux deux divisions militaires territoriales de la 5ème région militaire (Cf décret n° 76-520 du 14 juin 1976) .
 

C'est à partir de cette date que la France métropolitaine est répartie en six régions militaires.   
 

Comme nous avons pu les dire, en temps de guerre, les six régions militaires prennent en temps de guerre la dénomination de « zone de défense ». On retrouve donc la situation suivante en 1977 :  
 

  • 1ère région militaire / Paris Zone de défense « de Paris » :

    • 12ème division militaire territoriale / Versailles

    • 13ème division militaire territoriale / Tours  

  • 2ème région militaire / Lille Zone de défense « Nord » :

    • 21ème division militaire territoriale / Lille

    • 22ème division militaire territoriale / Amiens

    • 23ème division militaire territoriale / Rouen  

  • 3ème région militaire / Rennes Zone de défense « Ouest » :

    • 31ème division militaire territoriale / Rennes

    • 32ème division militaire territoriale / Caen

    • 33ème division militaire territoriale / Nantes  

  • 4ème région militaire / Bordeaux Zone de défense « Sud-Ouest » :

    • 41ème division militaire territoriale / Bordeaux

    • 42ème division militaire territoriale / Poitiers

    • 43ème division militaire territoriale / Limoges

    • 44ème division militaire territoriale / Toulouse  

  • 5ème région militaire / Lyon Zone de défense « Sud-Est » :

    • 51ème division militaire territoriale / Lyon

    • 52ème division militaire territoriale / Clermont-Ferrand

    • 53ème division militaire territoriale / Marseille

    • 54ème division militaire territoriale / Montpellier

    • 55ème division militaire territoriale / Ajaccio  

  • 6ème région militaire / Metz Zone de défense « Est » :

    • 61ème division militaire territoriale / Nancy

    • 62ème division militaire territoriale / Strasbourg

    • 63ème division militaire territoriale / Chalons-Sur-Marne

    • 64ème division militaire territoriale / Dijon

    • 65ème division militaire territoriale / Besançon  


Mentionnons que l’état-major du 2ème corps d'armée, installé en République Fédérale Allemande, englobe deux des trois divisions blindées stationnant en ce pays.   
 

Cependant, cet état-major est également celui des forces françaises en Allemagne qui fait suite à la zone d’occupation française de 1945 et qui administre toutes les troupes et corps de troupes présents en République Fédérale Allemande et à Berlin.  
 

Mentionnons également qu'au 1er janvier 1989, les 1er et le 3ème corps d’armée se trouvent sur le sol français et mutualisent respectivement leurs états-majors avec ceux des 6ème et 2ème régions militaires.  

En temps de guerre, les états-majors fusionnés se dédoublent et sont donc mis sur pied les états-majors propres aux corps d'armée et les états-majors propres des zones de défense.  
 

Les vingt-trois divisions militaires territoriales suivent les limites territoriales des régions françaises. Ainsi, il y a concordance entre les limites territoriales civiles et militaires.  
 

Selon le décret 73-235 du 1er mars 1973 et principalement son article 1er, « la défense opérationnelle du territoire, en liaison avec les autres forme de défense militaire (air – mer – gendarmerie) et avec la défense civile concourt au maintien de la liberté et de la continuité d'action du Gouvernement ainsi qu'à la sauvegarde des organes essentiels à la défense de la nation.   
 

A ce titre, il est demandé à la force militaire :   
 

  • en tout temps, de participer à la protection des installations militaires et en priorité de celles de la « Force Nucléaire Stratégique ».  

  • en présence d'une menace extérieure reconnue ou d'une agression, d'assurer au sol la couverture générale du territoire national et de s'opposer aux actions entreprises par l'ennemi à l'intérieur de ce territoire.  

  • en cas d'invasion, de mener des opérations de résistance militaire qui avec les autres formes de lutte, marquent la volonté nationale de refuser la loi de l'ennemi et de l'éliminer. »  

Nous avons pu écrire précédemment que l'organisation de l'armée de terre française en janvier 1989 est axée sur une défense de nos intérêts nationaux de par un engagement préventif sur le territoire de la République Fédérale Allemande. L'ennemi annoncé, à savoir les troupes du « Pacte de Varsovie », devant vraisemblablement agir de par une attaque de troupes blindées soutenus par l’aviation tactique, l'action défensive des troupes du « Pacte atlantique » se base sur une contre-attaque antichar massive.   
 

Cependant, nos forces armées sont organisées en métropole de manière à pouvoir lutter contre un ennemi, qui, s'étant opposer à notre corps de bataille principal, a pu le contourner et entrer sur le territoire national.  
 

Mentionnons qu'en termes de commandements et de prérogatives, lors de la mise en place par le Président de la République de la défense opérationnelle du territoire, le commandement de celle-ci est donné au chef d'état-major de l'Armée de terre qui prend le titre de « Commandant des forces militaires de défense opérationnelle du Territoire » (CFMDOT).  
 

Le Chef d'état-major des Armées, quant à lui, prend les titre de chef d'état-major général des Armées, le Commandant des forces militaires de défense opérationnelle du Territoire étant désigné comme étant son adjoint.  

Les six zones de défense, ayant rang et prérogatives de corps d'armée, sont dotées à l’instar de ces grands corps de troupes de combat et d'éléments organiques. Le général de corps d'armée ou assimilé, commandant la région militaire prend le titre, lors de la mise en place par le Président de la République de la défense opérationnelle du territoire, de « Commandant interarmées de la zone de défense ».  
 

En effet, cet officier général prend la direction des unités de défense territoriale, qu'elles soient de l'Armée de Terre, de la Marine, de l’Armée de l'Air ou de la Gendarmerie Nationale.  
 

Nous n'étudierons ici que les unités de l'Armée de Terre. Cependant, les autres armées participent à la défense des points sensibles et à l'appui des unités de l'Armée de Terre. La marine, quant à elle,0000000000 assure les voies de communication et la défense de nos côtes et les territoires et départements d'Outre-mer.  
 

En ce qui concerne l'Armée de l'Air et selon les termes du TTA 150, « il s'agit :  
 

  • d'assurer la sûreté de l'ensemble du dispositif air et notamment, des bases et installations de la force nucléaire stratégique,

  • de participer à la lutte contre toute infiltration hostile en appuyant avec les moyens appropriés et en particulier des avions légers prélevés sur les avions d'école, d'entraînement et de liaison, l'action de l'ensemble des forces de défense opérationnelle du territoire sous la forme d'appui-feu, renseignement ou transport. »  

Ainsi, les unités de défense du territoire national issues de l’Armée de l'Air sont les quatre escadres de Chasse dépendant du Commandement Air de la Défense aérienne (CAFDA / Taverny) et une escadre de chasse dépendant du Commandement des écoles de l'Armée de l'Air :  
 

  • Commandement Air de la Défense aérienne :
    • 2ème escadre de chasse avec les escadrons de chasse 1/2 « Cigognes », 2/2 « Côte d'Or » et 3/2 « Alsace » soit 45 avions de chasse de type Mirage F1C,
    • 5ème escadre de chasse avec les escadrons de chasse 1/5 « Vendée » avec 15 avions de chasse de type Mirage 2000C et les escadrons de chasse 2/5 « Île de France » et 3/5 « Comtat-Venaissin » avec 30 avions de chasse de type Mirage F1C,
    • 12ème escadre de chasse avec les escadrons de chasse 1/12 « Cambraisis », 2/12 « Picardie » et 3/12 « Cornouailles » soit 45 avions de chasse de type Mirage 2000 B ou Mirage 2000C,
    • 30ème escadre de chasse avec les escadrons de chasse 1/30 »Valois », 2/30 « Normandie-Niemen » et 3/30 « Lorraine » soit 45 avions de chasse de type Mirage F1B ou Mirage F1C.  
  • Commandement des écoles de l'Armée de l'Air :
    • 8ème escadre de chasse avec les escadrons de chasse 1/8 « Saintonge » et 2/8 « Nice » soit 30 avions d'entraînement et d'attaque au sol de type Alphajet.  
Dans la partie consacrée à l'ordre de bataille de l'armée de terre au 1er janvier 1989, nous avons pu voir que les six zones de défense s'organisent ainsi : 
 
  • Zone de défense de « Paris » / 1ère région militaire :

    • 102ème brigade de zone.  

  • Zone de défense « Nord » / 2ème région militaire :

    • 108ème brigade de zone.  

  • Zone de défense « Ouest » / 3ème région militaire :

    • 109ème brigade de zone.  

  • Zone de défense « Sud-Ouest » / 4ème région militaire :

    • 115ème brigade de zone.  

  • Zone de défense « Sud-est » / 5ème région militaire :

    • 127ème brigade de zone,

    • 152ème division d'infanterie « école ».  

  • Zone de défense « Est » / 6ème région militaire :

    • 107ème brigade de zone,

    • 110ème brigade de zone.  

Les brigades de zone et la division d'infanterie « école » agissent sous le commandement direct de la zone de défense, nous verrons plus tard que les divisions militaires territoriales dirigent d'autres troupes à leur niveau.  
 

Rappelons également pour mémoire qu'en cas de déclenchement de la défense opérationnelle du territoire, diverses troupes d'active et de réserve de l'Armée de terre sont mises à disposition de commandements dirigés par la Marine Nationale ou l'armée de l'air.   
 

Ces commandements sont :  
 

  • le commandement de la Défense du Finistère activé dès le temps de paix qui regroupe :

    • le port militaire de Brest

    • la base navale de l'Ile-Longue

  • les trois secteurs territoriaux maritimes qui sont en fait les bases navales de :

    • Cherbourg

    • Lorient

    • Toulon

  • le secteur Air Albion  

Présentons donc maintenant aux unités organiques de zone de défense.  
 

Sans parler des dichotomies entre les six zones de défense, l'ensemble des éléments organiques de zone de défense est composé en temps de guerre de diverses unités organiques de combat ou de soutien issues des diverses armes de l'Armée de terre et se répartissant sous commandement direct de la zone de défense.
  

L'ensemble des éléments organiques des six zone de défense, soit vingt-neuf unités, se répartit en :  
 

  • cinq unités de l'Artillerie :

    • un régiment d'artillerie,

    • trois groupes d'artillerie antiaérienne légère,

    • le bataillon des canonniers sédentaires de Lille,  

  • six unités de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre :

    • six groupes d'hélicoptères légers,

  • douze unités de l'Arme du Train :

    • six groupement des moyens régionaux,

    • six régiments du train de zone de défense.

  • six unités de transmissions :

    • deux bataillons de transmissions,

    • quatre régiments de transmissions,

Sur ces vingt-neuf unités, onze unités sont des éléments issus de la réserve et trois éléments sont formés par les écoles. Le reste, soit quinze unités, est d'active.

 

Présentons maintenant le détail de chaque zone de défense :

 

- - - / - - -

Zone de défense « de Paris »

- - - / - - -

Zone de défense « Nord »

- - - / - - -

Zone de défense « Ouest »

- - - / - - -

Zone de défense « Sud-Ouest »

- - - / - - -

Zone de défense « Sud-Est »

- - - / - - -

Zone de défense « Est »

  TABLEAU DE COMPARAISON :  

Ce tableau de comparaison est fait de manière empirique puisqu'il n'existe pas de schéma « type » quant aux éléments organiques de zone de défense. En effet, nul part n'est présenté un schéma type et c'est par recoupement que nous avons nous-même créé ce schéma.

 

Nombre d'unités

Artillerie

Aviation légère de l'Armée de terre

Train

Transmissions

Total

Dotation théorique

1

1

2

1

5

Zone de défense « de Paris »

1

1

2

1

5

Zone de défense « Nord »

1

1

2

1

5

Zone de défense « Ouest »

1

1

2

1

5

Zone de défense « Sud-Ouest »

1

1

2

1

5

Zone de défense « Sud-Est »

1

1

2

1

5

Zone de défense « Est »

/ ...

1

2

1

4

Total

5

6

12

6

29

 

Nous pouvons constater tout de suite que la Zone de défense « Est » est dépourvue d'unité d'artillerie sol/air. 
  

Cependant le 59ème régiment d'artillerie de la Division du Rhin, doté du même matériel que les cinq unités présentées dans les divers schémas, stationne dans la Zone de défense « Est » est couvre tout ou partie de la frange « Est » de cette zone.  

Passons maintenant dans la page suivante à la revue de détail de toutes ces unités.




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