ORDRE DE BATAILLE DE L’ARMÉE DE TERRE AU 01 JANVIER 1989
MISE A JOUR DU 19 NOVEMBRE 2023
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0 / PRÉSENTATION INTRODUCTIVE DE L’ARMÉE FRANÇAISE :
L’armée française est une des plus vieilles forces militaires structurées, elle peut s’enorgueillir d’avoir mis sur pied le plus vieux régiment d’infanterie encore en activité, à savoir le 1er régiment d’infanterie.
Cette unité est mise sur pied le 1er janvier 1791 à partir du « régiment Colonel-Général ». C’est l'un des « vieux corps », créé en 1479 sous le nom de « bandes de Picardie » par le roi Louis XI.
L’armée française, au 1er janvier 1989, est encore une armée de conscription, forte d’un héritage de grandes batailles mais aussi de défaites lourdes de conséquence. En se cantonnant à l’époque contemporaine, la Marne et son miracle côtoient la poche de Dunkerque, les deux batailles de Sedan à soixante-dix ans d’intervalle, points d’orgue des défaites de 1870 et 1940 sont mis en opposition à la bataille de Koufra et son célèbre serment qui déboucheront sur la libération de Strasbourg et à sa défense au cœur de l’hiver 1944-1945.
Cette armée française, au 1er janvier 1989, est à la fois toute tournée vers l’ennemi, le « Rouge », devant déboucher de l’Est, mais chevauche tout autant allègrement les ACMAT et les Jaguars dans le désert africain.
Dans le cadre de ce que l’on a pu appeler la « guerre froide », face à une menace globale, permanente, où les armements prolifèrent de manière exponentielle, nous sommes obligés de nous défendre ». (Cf TTA 150 édition 1979)
C’est en ces mots que débute la présentation des armes de la France s’organisant dans le cadre de la défense nationale. En effet et à ce titre, l'armée française sous les ordres du Président de la République émanation élective de la nation française, est gérée par le ministre de la Défense qui délègue une partie de ses prérogatives au chef d'état-major des armées et aux trois chef d'état-major de l'armée de terre, de l'armée de l'air et de la marine.
Mentionnons que la Gendarmerie Nationale est considérée comme la quatrième armée.
Cette défense, mise en exergue au fronton idéologique de notre République, vise à répondre à cinq objectifs :
assurer en permanence la sécurité et l’intégrité du territoire, tant métropolitain qu’ultra-marin, de par ses approches terrestres, maritimes et aériennes
participer à la défense de l’Europe de l’Ouest et à la protection du bassin méditerranéen dans la cadre des accords mis en place par l’ « Organisation du Traité de l’Atlantique Nord »
sauvegarder les intérêts extérieurs de la France
honorer les engagements de défense nous liant à des pays africains de par les accords de coopération militaire
assurer le service de la paix dans le cadre de l’ « Organisation des Nations Unies »
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A / ORGANISATION SUCCINCTE DE L’ARMÉE FRANÇAISE :
L’armée française, face à ces cinq objectifs, organise ses moyens en trois forces d'importances diverses et transverses que sont la force nucléaire stratégique, la force nucléaire tactique (ou pré-stratégique) et les forces conventionnelles :
la force nucléaire stratégique dite « triade nucléaire », dotée de missiles, s’organisant en trois composantes :
une première composante « armée de l'air » avec des missiles air-sol portés par des bombardiers
une deuxième composante « armée de l'air » avec des missiles sol-sol balistiques stratégiques à portée intermédiaire
une composante « marine nationale » avec des missiles mer-sol balistiques stratégiques portés par des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins
la force nucléaire tactique, dotée de bombes et de missiles, s’organisant également en trois composantes :
une composante « armée de terre » avec des missiles balistiques nucléaires à courte portée
une composante « armée de l'air » avec des bombes nucléaires ou des missiles tactiques portés par des chasseurs-bombardiers
une composante « marine nationale » avec des bombes nucléaires tactiques portées par des d'avions d’assaut et de chasse
les forces classiques s’organisant avec les moyens mis à la disposition de :
l’armée de terre qui se subdivise entre trois grands commandements diverses forces mineures :
l'état-major de la 1ère armée qui dirige trois corps d'armées, trois brigades logistiques et dix divisions dont deux issues des écoles
l'état-major de la Défense Opérationnelle du Territoire (DOT – mise en place en période de guerre), qui dirige sept brigades de zone, vingt-trois régiments interarmes divisionnaires et de nombreuses unités de garde de points sensibles
l'état-major de la Force d'Action Rapide (FAR) qui dirige une brigade logistique et cinq divisions
les forces de souveraineté ultra-marine, dont les état-majors dirigent l'action des régiments stationnés dans les DOM-TOM
les forces prépositionnées dans le cadre des accords de défense
l’armée de l’air organisée en six commandements spécialisés :
le commandement de la force aérienne tactique (FATAC), composée de cinq escadres de chasse dotées de chasseurs-bombardiers, d'une escadre de reconnaissance dotés d'aéronefs de reconnaissance, d'une escadre électronique tactique dotée d'aéronefs de recueil de renseignement et de cinq escadrons électroniques au sol
le commandement air de la force de défense aérienne (CAFDA), composée de plusieurs centres de détection et de contrôle militaire, de quatre escadres de chasse dotées de chasseurs et de treize escadrons de défense sol-air
le commandement de la force aérienne de transport (CoTAM), composée de treize escadrons de transport, de deux escadrons électroniques et de six escadrons d'hélicoptères dotés d’aéronefs de transport à voilure fixe ou voilure tournante, s'y ajoutent six escadrons de transport outre-mer des forces de souveraineté ultra-marine
les moyens polyvalents de soutien (commandement des transmissions et commandement du génie de l’air)
Le commandement des écoles réunis principalement dans la 8ème escadre de chasse
la marine nationale avec six composantes principales regroupant cent-soixante six navires majeurs :
les unités de combat principales organisées en deux escadres de combat en Atlantique et en Méditerranée et regroupant un total de vingt bâtiments majeurs
les unités de soutien regroupant trente bâtiments divers
les unités de souveraineté tant en métropole qu'en outre-mer, dirigeant un total de trente-huit bâtiments océaniques ou côtiers
la flotte amphibie se répartissant sur les façades atlantique et méditerranée et en outre-mer, regroupant un total de quarante bâtiments
la flotte sous-marine avec un total de douze sous-marins diesels d'attaque et quatre sous-marins nucléaires d'attaque
la force de guerre des mines se répartissant sur les façades atlantique et méditerranée, regroupant un total de vingt-deux bâtiments
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B / ÉTAT DES EFFECTIFS DE L’ARMÉE FRANÇAISE :
En matière d’effectif, l’armée française, en temps de paix, compte encore au 1er janvier 1989 plus d’un demi-million d’hommes sous les drapeaux. Après consultation du décret n° 88-223 du 9 mars 1988 portant répartition des effectifs budgétaires du personnel militaire pour 1988-1989 nous arrivons à un total précis de 557 904 militaires pour les trois armes, les services communs et la gendarmerie nationale.
Ces 557 904 hommes se répartissent en trois groupes distincts, nous avons d’abord les trois armées traditionnelles (terre – air – mer) puis les services et l’administration centrale et enfin la gendarmerie nationale :
1er groupe : 455 971 hommes
Armée de terre : 295 989 hommes
Armée de l’air : 94 892 hommes
Marine nationale : 65 090 hommes
2ème groupe : 14 496 hommes
Service de santé des armées : 8 493 hommes
Délégation générale pour l’armement : 4 389 hommes
Service des essences : 407 hommes
Contrôle général des armées : 144 hommes
Administration centrale : 63 hommes
3ème groupe : 87 437 hommes
Gendarmerie : 87 437 hommes
Ces 557 904 militaires se répartissent également en trois groupes en fonction des domaines suivants :
1er groupe : 408 865 hommes
Forces classiques : 390 816 hommes
Armée de terre : 227 270 hommes
Armée de l’air : 49 590 hommes
Marine nationale : 39 285 hommes
Gendarmerie : 74 436 hommes
Divers : 235 hommes
Forces outre-mer : 18 049 hommes
Armée de terre : 10 511 hommes
Armée de l’air : 1 664 hommes
Marine nationale : 3 101 hommes
Gendarmerie : 2 767 hommes
Divers : 6 hommes
2ème groupe : 26 490 hommes
Forces nucléaires stratégiques : 17 372 hommes
Armée de terre : 1 894 hommes
Armée de l’air : 9 192 hommes
Marine nationale : 4 976 hommes
Gendarmerie : 732 hommes
Divers : 578 hommes
Armements nucléaires pré-stratégiques : 9 118 hommes
Armée de terre : 5 993 hommes
Armée de l’air : 2 861 hommes
Marine nationale : 189 hommes
Gendarmerie : 75 hommes
3ème groupe : 122 549 hommes
Organismes de formation : 57 017 hommes
Organismes de soutien des personnels : 22 201 hommes
Organismes de soutien des matériels : 19 407 hommes
Administration générale : 18 362 hommes
Recherches et essais : 5 562 hommes
Mentionnons que les effectifs globaux de l’armée française sont en diminution constante depuis la fin de la guerre d’Algérie.
En 1962, dernière année de la guerre d’Algérie, l’armée française présente un effectif global de 1027807 hommes soit :
721 102 hommes pour l’armée de terre
139 873 hommes pour l’armée de l’air
78 506 hommes pour la marine nationale
85 132 hommes pour la gendarmerie nationale et les services communs
Sur ces 1 027 807 hommes, 441 346 hommes stationnent en Algérie.
Pour l’année 1966 (1ère année de référence du temps de paix sans aucun personnel en Algérie), nous avions 583 956 hommes sous les drapeaux soit 443 851 militaires en moins par rapport à la situation de 1962.
En 1978, après la réforme du général LAGARDE chef d'état-major de l'armée de terre, nous passons à un total de 579 188 hommes soit 4 768 militaires en moins par rapport à 1966.
La réforme des structures des armées engendrée par le ministère de la défense dès 1983 voit les effectifs globaux passer de 577 884 hommes en 1983 à 557 893 hommes en 1986 soit une baisse de 19 991 hommes en trois ans, alors que la diminution n’était que de 6 072 postes de 1966 à 1983. Les effectifs se stabilisent de 1986 à 1989.
La perte de postes entre 1966 et 1989 est de 26 052, soit 4,42 % des effectifs totaux.
La chute du mur de Berlin et la fin des régimes autoritaires d’Europe de l’Est engendrera une chute vertigineuse des effectifs de l’armée française.
En 1997, dernière année où la répartition des effectifs est publiée au Journal Officiel, les effectifs globaux sont listés à un total de 475 147 hommes soit une baisse en 8 ans de 82 757 hommes soit plus de 10 000 hommes par an.
Voici ci-après un état récapitulatif des effectifs des armées de terre – air – mer, de la gendarmerie nationale et des services divers de 1966 à 1989 :
| Armée de terre | Armée de l’air | Marine nationale | Gendarmerie nationale | Services communs | Total |
1966 | 335 391 h | 108 584 h | 69 723 h | 61 539 h | 8 709 h | 583 956 h |
1970 | 323 653 h | 104 332 h | 68 440 h | 62 902 h | 11 686 h | 571 013 h |
1974 | 338 459 h | 104 933 h | 70 267 h | 72 569 h | 8 681 h | 594 909 h |
1978 | 324 366 h | 100 809 h | 68 230 h | 76 369 h | 9 414 h | 579 188 h |
1983 | 311 166 h | 100 225 h | 68 287 h | 85 214 h | 12 992 h | 577 884 h |
1986 | 296 480 h | 95 978 h | 66 345 h | 85 708 h | 13 382 h | 557 893 h |
1989 | 295 989 h | 94 892 h | 65 090 h | 87 437 h | 14 496 h | 557 904 h |
Évolution de 1966 à 1989 | - 39 402 h | - 13 692 h | - 4 633 h | + 25 898 h | + 5 787 h | - 26 052 h |
- 11,75 % | - 12,61 % | - 6,75 % | + 42,08 % | + 66,45 % | - 4,42 % |
Dès le premier regard, nous pouvons voir qu’en 23 ans, il y a une baisse significative mais légère des effectifs globaux, en effet nous passons de 583 956 hommes à 557 904 hommes soit une baisse de 26 052 hommes (4.42 % d’effectifs en moins).
Cette différence de 26 052 hommes en moins entre 1966 et 1989 se décompose en :
une baisse de 57 727 hommes soit :
39 402 hommes en moins pour l’armée de terre soit une baisse de près de 12 % des effectifs
13 692 hommes en moins pour l’armée de l’air soit une baisse de près de 13 % des effectifs
4 633 hommes en moins pour la marine nationale soit une baisse de près de 7 % des effectifs
une hausse de 31 685 hommes soit :
25 898 hommes en plus pour la gendarmerie soit une hausse de plus de 42 % des effectifs
5 787 hommes en plus pour les services communs soit une hausse de plus de 66 % des effectifs
Pour information, les derniers chiffres connus pour l’armée française et la gendarmerie nationale, à savoir ceux de 2022 publiés dans « les chiffres clés de la défense » - édition 2021 - et le « mémogend » - édition 2019 - indiquent les éléments suivants :
total général : 308 122 hommes
total défense : 205 853 hommes
dont armée de terre : 114 818 hommes
dont armée de l’air : 40 195 hommes
dont marine nationale : 34 825 hommes
dont services communs : 16 015 hommes
total gendarmerie : 102 269 hommes
Effectuant la même analyse, nous pouvons voir qu’en 30 ans, il y a une baisse importante des effectifs globaux, en effet nous passons de 557 904 hommes à 308 122 hommes soit une baisse de 249 782 hommes (44.77 % d’effectifs en moins).
Cette différence de 249 782 hommes entre 1989 et 2019 se décompose en :
une baisse de 266 162 hommes, soit :
181 171 hommes en moins pour l’armée de terre soit une baisse de plus de 61 % des effectifs
54 697 hommes en moins pour l’armée de l’air soit une baisse de plus de 57 % des effectifs
30 265 hommes en moins pour la marine nationale soit une baisse de plus de 46 % des effectifs
une hausse de 16 309 hommes, soit :
14 832 hommes en plus pour la gendarmerie soit une hausse de près de 17 % des effectifs
1 519 hommes en plus pour les services communs soit une hausse de près de 11 % des effectifs
Rappelons qu'aujourd'hui, bien que la gendarmerie soit toujours soldée par le ministère de la défense, son action est dirigée par le ministère de l'intérieur. Cependant, la création de la garde nationale, au 1er janvier 2017, fait que les réservistes de la gendarmerie rejoignent les réservistes des trois autres armées dans l'action de sécurisation du territoire national.
Notre étude se limitera aux seules forces d’appui, de combat et de soutien de l’armée de terre. Voici donc un panorama de ces grandes unités dans leur environnement géographique.