Entre réalité et prospective :
   L'armée de terre française en janvier 1989
 
David DELPORTE
 
 

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– LES HÔPITAUX MILITAIRES :

 

Les trois types de formation hospitalières mises en place par la chaîne « santé » de la brigade logistique sont des « unités de marche » mises sur pied en temps de guerre. En effet en temps de paix, l’hôpital mobile de campagne (HMC), l’hôpital chirurgical d’évacuation (HCE) et l’hôpital médico-chirurgical d’évacuation (HMCE) n’existent pas.


En temps de paix, le fait hospitalier est pris en compte par deux types d’unités qui sont les centres hospitaliers des Armées (CHA) et les hôpitaux d'instruction des Armées (HIA).


Sur les seize centres hospitaliers des Armées (CHA) existant au 1er janvier 1989, quatre d’entre-eux sont des hôpitaux des Armées (HA), quatre sont des hôpitaux régionaux des Armées (HRA) et quatre sont des hôpitaux de zone des Armées (HZA). Ces douze structures hospitalières reçoivent leur intitulé actuel le 1er janvier 1986. Les quatre derniers centres hospitaliers des Armées (CHA) sont les ex-hôpitaux de la Marine. Ces hôpitaux militaires occupent dans le monde militaire les mêmes fonctions et prérogatives que les centres hospitaliers dits « civils ».


Les hôpitaux d'instruction des Armées (HIA) comme leur nom l’indique, sont tout à la fois des unités de soins hospitaliers et des centres d’instructions à l’instar des centres hospitaliers universitaires du milieu civil.


Ces vingt-cinq structures accueillent également le public civil hors défense nationale, étant partie intégrante du système de soins hospitalier mis en place en France métropolitaine.


En temps de guerre, par rappel de réservistes et par détachement des éléments d’active, elles mettent sur pied vingt-neuf hôpitaux mobiles de campagne (HMC), trois hôpitaux chirurgicaux d’évacuation (HCE) et trois hôpitaux médico-chirurgicaux d’évacuation (HMCE).



Voici la liste des seize centres hospitaliers des Armées (CHA) et des neuf hôpitaux d'instruction des Armées (HIA) en service au 1er janvier 1989 :

 
  • 1ère région militaire :

    • Centre hospitalier des Armées « Baudens » à Bourges (ex-hôpital des Armées)

    • Hôpital d'instruction des Armées « Begin » à Saint-Mandé

    • Hôpital d'instruction des Armées « D. Larrey » à Versailles

    • Hôpital d'instruction des Armées « Percy » à Clamart

    • Hôpital d'instruction des Armées « Val-de-Grace » à Paris

  • 2ème région militaire / 3ème corps d’armée :

    • Centre hospitalier des Armées « Scrive » à Lille (ex-hôpital régional des Armées)

  • 3ème région militaire :

    • Centre hospitalier des Armées « Le-Bas » à Cherbourg (ex-hôpital de la Marine)

    • Centre hospitalier des Armées « Paré » à Rennes (ex-hôpital régional des Armées)

    • Centre hospitalier des Armées « Calmette » à Lorient (ex-hôpital de la Marine)

    • Hôpital d'instruction des Armées « Clermont-Tonnerre » à Brest (ex-hôpital de la Marine)

  • 4ème région militaire :

    • Centre hospitalier des Armées « H. Larrey » à Toulouse (ex-hôpital régional des Armées)

    • Hôpital d'instruction des Armées « Piqué » à Bordeaux

  • 5ème région militaire :

    • Hôpital d'instruction des Armées « Desguenettes » à Lyon

    • Hôpital d'instruction des Armées « Laveran » à Marseille

    • Hôpital d'instruction des Armées « Sainte-Anne » à Toulon (ex-hôpital de la Marine)

  • 6ème région militaire / 1er corps d’armée :

    • Centre hospitalier des Armées « Baur » à Colmar (ex-hôpital des Armées)

    • Centre hospitalier des Armées « Bayen » à Châlons-sur-Marne (ex-hôpital des Armées)

    • Centre hospitalier des Armées « Lyautey » à Strasbourg (ex-hôpital des Armées)

    • Centre hospitalier des Armées « Sédillot » à Nancy (ex-hôpital régional des Armées)

    • Centre hospitalier des Armées « Vincent » à Dijon (ex-hôpital régional des Armées)

    • Centre hospitalier des Armées « Légouest » à Metz (ex-hôpital régional des Armées)

  • Forces françaises en Allemagne / 2ème corps d’armée :

    • Centre hospitalier des Armées « Genet » à Trêves (ex-hôpital de zone des Armées n° 353)

    • Centre hospitalier des Armées « Limouzin » à Fribourg-en-Brisgau (ex-hôpital de zone des Armées n° 352)

    • Centre hospitalier des Armées « Picaud » à Bühl (ex-hôpital de zone des Armées n° 351)

    • Centre hospitalier des Armées « Pasteur » à Berlin (ex-hôpital de zone des Armées n° 357)

Pour revenir aux trois types d’hôpitaux mis en place voici ci-après la description de chacun.

L'hôpital mobile de campagne, à l’effectif de 258 hommes et doté de 48 véhicules, se compose de :

  • un groupe de commandement,

  • une unité de commandement et des services,

  • une section médicale de tri-évacuation,

  • deux sections chirurgicales (chirurgie générale et chirurgie spécialisée)

  • une section médico-psychologique,

  • un service d’hospitalisation de 150 lits,

  • un service de ravitaillement, réparation, laboratoire,

  • une équipe de décontamination « NBC ».


L’hôpital chirurgical d’évacuation à l’effectif de 370 hommes, doté de 57 véhicules divers, se compose de :

 
  • un groupe de commandement,

  • une unité de commandement et des services,

  • un groupe « triage – évacuation – décontamination »,

  • un laboratoire,

  • un service dentaire,

  • un groupe chirurgical,

  • deux groupes d’hospitalisation de 200 lits.

 

L’hôpital médico-chirurgical d’évacuation à l’effectif de 350 hommes, doté de 61 véhicules divers, se compose de :

 
  • un groupe de commandement,

  • une unité de commandement et des services,

  • un groupe « triage – évacuation – décontamination »,

  • un groupe « médecine générale »,

  • un groupe « technique brûlés »

  • un groupe chirurgical,

  • un groupe « réanimation – transfusion »

  • un groupe de radiologie,

  • un laboratoire,

  • quatre groupes d’hospitalisation de 50 lits.

 

Après avoir présenté les unités devant être mises sur pied selon le TTA 155 il appert qu’à la lecture de la fiche n° 14-041 de la documentation gendarmerie (en date du 02 mars 1987) précisant l’organisation militaire de la France qu’onze hôpitaux mobiles de campagne sont constitués pour la Brigade logistique de la Force d'Action Rapide mais nous n’en connaissons ni la provenance, ni la numérotation.


Monsieur Loïc Lilian, qui intervient très régulièrement sur le forum ATF40 m'a transmis deux documents émanant du Sénat sur la situation du service de santé des Armées en 1989 et 1991. Le premier, traitant de la loi de finance 1990, présente les unités mises sur pied par le service de santé des Armées en 1989 (Cf 1989_1990_0062_04) et indique qu’il existe vingt-neuf hôpitaux mobiles de campagne.


Selon Monsieur Loïc Lilian, ceux-ci sont donc numérotés de 801 à 829. Les onze hôpitaux mobiles de campagne constitués pour la brigade logistique de la Force d'Action Rapide seraient les 806ème, 809ème, 810ème, 815ème, 816ème, 820ème, 821ème, 822ème, 823ème, 824ème et 829ème hôpitaux mobiles de campagne.


Ce qui nous laisse les 801ème, 802ème, 803ème, 804ème, 805ème, 807ème, 808ème, 811ème, 812ème, 813ème, 814ème, 817ème, 818ème, 819ème, 825ème, 826ème, 827ème et 828ème hôpitaux mobiles de campagne pour les trois corps d'armée soit bien six unités médicales par corps d'armée.


Les 810ème et 815ème hôpital mobile de campagne sont les plus connus, car ils ont participé à la guerre du Golfe en 1990-1991 dans le cadre du « Groupement de Soutien Logistique de zone avant », en compagnie des 4ème et 9ème antenne chirurgicales aérotransportables renforcées de trois équipes chirurgicales. Sur la zone de Riyadh, le service de santé des Armées se structurait en :


  • un hôpital médico-chirurgical et de transit aérien (HMCTA), formé pour la circonstance par :

    • l’élément médical militaire d'intervention rapide,

    • un hôpital mobile de campagne d’une capacité de 100 lits,

    • sept équipes chirurgicales pluridisciplinaires,

  • un point d'embarquement par voie aérienne pour préparer les blessés à une évacuation,

  • une section de ravitaillement sanitaire.


Selon l’instruction n° 900/DEF/DCSSA/OL du 16 octobre 1986 relative à l'emploi de l'élément médical militaire d'intervention rapide (ÉMMIR), les 75 personnels qui la constituent sont désignées à l’avance et prêtes à partir dans les 24 heures après l’ordre d’engagement.


L’élément médical militaire d’intervention rapide est une formation sanitaire de campagne polyvalente, aérotransportable et autonome. A l’effectif de 75 hommes (19 officiers, 28 sous-officiers et 28 hommes du rang), disposant d’une capacité hospitalière de 100 lits, elle comporte :


  • une cellule de commandement et de soutien (CCS),

  • 5 cellules techniques :

    • une cellule « chirurgie »

    • une cellule « médicale »

    • une cellule « hospitalisation »

    • une cellule « laboratoire »

    • une cellule de convoyage sanitaire aérien


Vous retrouverez cette instruction ministérielle à l’adresse suivante :


https://www.bo.sga.defense.gouv.fr/boreale_internet/popup.php?app_open=1&mode=1&txt_id=13103&format=html&

 

Pour finir cette étude et pour mémoire, voilà la liste des diverses formations d’active et de réserve mises en œuvre par le service de santé des Armées en 1989 :


  • Zone de l’arrière :

    • 25 hôpitaux des Armées,

    • 25 hôpitaux Complémentaire (apparaissent en 1993 mais doivent exister en 1989),

    • 5 hôpitaux de transit air (gérés par l'Armée de l'Air),

    • 2 compagnies de désinfection et de désinsectisation,

    • 1 navire de soutien (BSS Rance géré par la Marine Nationale),

    • 59 autorails sanitaires (fournis par la SNCF par voie de réquisition),

    • 28 trains sanitaires de petite capacité (fournis par la SNCF par voie de réquisition),

    • 60 trains sanitaires de grande capacité (fournis par la SNCF par voie de réquisition).

  • Niveau corps d’armée (brigades logistiques) :

    • 29 hôpitaux mobiles de campagne,

    • 3 hôpitaux chirurgicaux d’évacuation,

    • 3 éléments chirurgicaux d’intervention d’urgence (serait-ce l’hôpital médico-chirurgical d’évacuation ?),

    • 8 compagnies médicales de corps d’armée,

    • 4 compagnies de ravitaillement du service de santé,

    • 16 escadrons de transport sanitaire.

  • Niveau divisionnaire :

    • 8 compagnies médicales divisionnaires (soit 16 sections de ramassage et 10 sections de triage),

    • 6 groupements de santé de division blindée (soit 18 sections de ramassage et 12 sections de triage),

    • 1 compagnie médicale de montagne (soit 2 sections de ramassage et 2 sections de triage),

    • 4 antennes chirurgicale aérotransportable,

    • 3 antennes médicale aérotransportable,

    • 2 antennes chirurgicale parachutiste,

    • 1 antenne médicale parachutiste.





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