Entre réalité et prospective :
   L'armée de terre française en janvier 1989
 
David DELPORTE
 
 

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2 – LES UNITÉS « FRONTIÈRE » :

 

Unités

Garnison

Rattachement

Chef de corps

15ème bataillon de Chasseurs alpins

Gap

Zone de défense « Sud-Est »

Lieutenant-Colonel (CR) CÉZANNE

22ème bataillon de Chasseurs alpins

Nice

Zone de défense « Sud-Est »

Lieutenant-Colonel (CR) GUITART

53ème bataillon de Chasseurs alpins

Barby

Zone de défense « Sud-Est »

/ …

49ème régiment d'infanterie

Ger

Zone de défense « Sud-Ouest »

/ …

53ème régiment d'infanterie

Béziers

Zone de défense « Sud-Est »

/ …

88ème régiment d'infanterie

Lannemezan

Zone de défense « Sud-Ouest »

/ …

 

Ce type d'unité n'apparaît pas en 1984, nous avons en effet retrouvé l'organisation type du « régiment frontière » dans le TTA 155 – édition 1979. C'est en fait une unité de surveillance de zone à savoir les deux massifs des Alpes et des Pyrénées. Certains pourrait rétorquer à juste titre que ces deux massifs montagneux nous séparent de pays amis membres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord » mais il semble que l'état-major de l'Armée de terre ait voulu se doter d'unité de surveillance aptes à détecter l'intrusion de troupes ennemis pouvant passer par des pays dits « amis ».

 

Nous pouvons voir que ces six unités sont toutes mises sur pied dans les deux zones de défense du sud de la France. En effet, les 15ème, 22ème et 53ème bataillons de Chasseurs Alpins et le 53ème régiment d'infanterie sont mis sur pied dans la zone de défense « Sud-Est » alors que les 49ème et 88ème régiments d'infanterie sont mis sur mobilisés au pied du massif pyrénéen.

 

Le régiment « frontière », après mobilisation des troupes et recueil du matériel, se compose de 1050 hommes (45 officiers, 150 sous-officiers et 855 hommes du rang) et détient 153 véhicules divers. Il s'organise en :

 
  • un état-major,

  • une compagnie de commandement et des services,

  • 1ère, 2ème, 3ème et 4ème compagnies de secteur,

  • une compagnie mobile de surveillance.

 

Outre la section de commandement, la compagnie mobile de surveillance se compose de quatre sections de surveillance se divisant en trois patrouilles de surveillance dotées chacune de deux motocyclettes et d'un véhicule léger tout-terrain.

 

Les quatre compagnies de secteur sont en fait de simples compagnies de combat d'infanterie non motorisée dotées chacune de quatre sections de combat et d'une section de commandement et d'appui avec un groupe de mortiers avec deux pièces de 81 mm.

 

Nous pouvons faire la même remarque tant sur les moyens de feu que sur les transmissions que celle faite pour les régiments interarmes divisionnaires.

 

Mentionnons que l'armement tant individuel que collectif suit bien sûr le même chemin.

 

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C – LES UNITÉS DE GARDE DE POINTS SENSIBLES :

 

Les unités de garde de points sensibles sont un vaste sujet. Au départ, à l’instar des territoriaux de la 1ère guerre mondiale, l’image qui nous vient pour ces unités est un ramassis de soldats d’un âge certain servant de garde barrière.

 

Cependant la comparaison s’arrête là.

 

En janvier 1989, l'état-major de l'Armée dispose, dans le cadre de l'application des directives de la défense opérationnelle du territoire de trois unités de cavalerie légère de réserve et de deux unités d’infanterie chargées de défendre la capitale (et plus particulièrement les sièges des organes de commandement de l'Armée française) et le CEDAR (Centre d’élaboration et de diffusion de l’alerte à la radioactivité) basé à Taverny. L’une de ces deux unités d’infanterie est d’active.

 

Nous verrons que cette mission échoie également à la Gendarmerie qui intervient également avec une unité spécifique pour cette mission.

 

L'état-major de l'Armée dispose également, dans le cadre de l'application des directives de la défense opérationnelle du territoire, de trois unités d'infanterie qui sont sous les ordres du Commandement de la Défense du Finistère. L’une de ces deux unités d’infanterie est d’active.

 

Ce commandement est non point « terrien » mais bien confié à la Marine nationale, cependant la majeure partie des troupes de défense fait partie de l'Armée de terre.

 

Pour finir, nous aurons bien des unités de garde de points sensibles ayant le nom de régiment d’infanterie mais qui n’ont pas valeur à combattre en première ou même deuxième ligne.

 

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1 – LES UNITÉS D’ACTIVE :

 

Unités

Garnison

Rattachement

Chef de corps

24ème régiment d'infanterie

Vincennes

12ème division militaire territoriale

Colonel CARRÉ

41ème régiment d'infanterie

Châteaulin

31ème division militaire territoriale

Colonel MOUNIER

 

Le 24ème régiment d'infanterie, unité d’active mise sur pied en septembre 1988 par la transformation nominale du 76ème régiment d'infanterie, est le régiment de Paris à part entière. Il garde la tradition de toutes les unités d'infanterie ayant stationné sur le territoire de notre capitale.


Jusqu’alors, à Paris, nous avions le 76ème régiment d'infanterie d’active et le 24ème régiment d'infanterie de réserve (type régiment divisionnaire).


Le 76ème régiment d'infanterie tenait le rôle, dans la mouture « 1977 » du corps de bataille de l'armée de terre, de régiment d'infanterie motorisé du 3ème corps d'armée mis sur pied en 1979. Ce type d'unité servait d'éléments organiques, à l’instar des 1er et 110ème régiment d'infanterie respectivement rattaché alors aux 1er et 2ème corps d'armée. La réforme dite « Hernu » met fin aux régiments d’infanterie de corps d’armée.


En septembre 1988, les deux régiments sont fusionnés et l’on met sur pied le 24ème régiment d'infanterie d’active mais à effectif réduit.


Au 1er janvier 1989, et selon les standards de temps de guerre, le 24ème régiment d'infanterie doit s'organiser en :

 
  • un état-major,

  • une compagnie de commandement d'appui et des services,

  • 1ère et 2ème compagnies de combat d'infanterie motorisée,

  • 3ème et 4ème compagnies de combat d'infanterie portée,

  • 5ème escadron d’automitrailleuses légères.

 

Mentionnons que les 3ème et 4ème compagnies de combat d'infanterie portée ne sont mises sur pied que par rappel des réservistes en temps de guerre.

 

L’escadron d’automitrailleuses se présente ainsi :

 
  • un peloton de commandement,

  • un peloton de trois automitrailleuses légères à canon de 90 mm et trois véhicules légers tout-terrain de type « jeep »,

  • deux pelotons de trois automitrailleuses légères équipées d'un mortier sous tourelle de 60 mm et trois véhicules légers tout-terrain de type « jeep »,

  • un peloton porté sur camionnette tactique.

 

En temps de paix, l’effectif du 24ème régiment d'infanterie est de 863 hommes. Ce chiffre évolue en temps de guerre. Nous passons à 1 160 hommes. En temps de guerre il sera accompagné du 54ème régiment d'infanterie de Marine de réserve et d'une unité d'active de la gendarmerie.


Il s'agit du 1er groupement blindé de la Gendarmerie mobile, commandé au 1er janvier 1989 par le Colonel LAPEYRONIE et basé au camp de Satory à Versailles (78).

Cette unité de combat, chargée de la défense des sites gouvernementaux, est l’unité « phare » de la gendarmerie mobile. Héritière du 45ème bataillon de chars de combat de la 3ème division cuirassée, elle fait partie de ces unités ayant gravé dans les plis de leur étendard le nom d’une victoire en mai-juin 1940. A Stonne, le bataillon de chars bloque pendant six jours le régiment blindé d’élite « Grossdeutchland » et à Tannay, il décime un régiment d’infanterie allemand.

 

Au 1er janvier 1989, c'est une unité mixte mécanisée / motorisée, à l'effectif théorique de 1 138 hommes, dotée de 243 véhicules divers dont 108 véhicules blindés et de seize mortiers de 60 mm (à raison de deux mortiers par escadrons).

 

Le 1er groupement blindé de la Gendarmerie mobile s'organise en :

 
  • un état-major de groupement,

  • deux états-majors de groupe numérotés I/1 et II/1,

  • escadron 1/1 doté d’automitrailleuses légères de type AML 60 et AML 90,

  • escadrons 2/1 et 3/1 dotés d'engins blindés appui-feu de type VBC 90,

  • escadrons 4/1 et 5/1 dotés de véhicules tout-terrain de type AMX-13,

  • escadrons 6/1, 7/1 et 8/1 dotés de véhicules de transport blindé de type VBRG.

 

En matière de véhicules blindés, nous dénombrons 108 véhicules blindés s'organisant en :

 
  • 28 engins blindés de reconnaissance-feu de type « VBC 90 » à canon de 90 mm au total pour les escadrons 2/1 et 3/1,

  • 26 véhicules de transport blindé de type « AMX-13 VTT » avec mitrailleuses de 12.7 mm au total pour les escadrons 4/1 et 5/1,

  • 39 véhicules de transport blindé de type « VBRG » avec mitrailleuses ANF1 de 7.61 mm au total pour les escadrons 6/1, 7/1 et 8/1,

  • 15 automitrailleuses légères pour l'escadron 1/1, soit 9 automitrailleuses légères de type AML-60 (mortier de 60 mm) et 6 automitrailleuses légères de type AML-90 (canon de 90 mm).

 

Nous avons décrit le 1er groupement blindé de la Gendarmerie mobile comme étant une unité mixte mécanisée / motorisée.

 

En effet, nous pouvons voir que le 1er groupe numéroté « I/1 » est une unité mécanisée, à l'instar des régiments d'infanterie mécanisée des années 1970-1980. On retrouve les schéma d'organisation avec deux escadrons blindés et deux escadrons mécanisés.

 

L’engin blindé appui-feu de type Renault VBC-90 (Véhicule Blindé Canon) est le concurrent malheureux du Panhard ERC-90 Sagaie. Ces deux véhicules sont totalement semblables. Une petite trentaine d’engins seront construits et équiperont à partir de 1982 les deux escadrons de gendarmerie sus-nommés.

Le véhicule de transport blindé de type « AMX-13 VTT » est bien connu. Dans le corps de bataille, il a été remplacé par l’AMX-10P sauf au 30ème groupe de Chasseurs, tout en restant en dotation dans la gendarmerie jusqu’en 1998.

 

Le 2ème groupe, numéroté II/1, est quant à lui, une unité motorisée classique, à l'image du 24ème régiment d'infanterie avec ses trois escadrons motorisés et son escadron d'automitrailleuses légères.

 

Le véhicule de transport blindé de type « VBRG » (véhicule blindé à roues de la gendarmerie) est le concurrent malheureux du véhicule de l’avant blindé. Construit à 155 exemplaires, en service depuis 1974, il sera le véhicule blindé privilégié du maintien de l’ordre en outre-mer. L’automitrailleuse légère de type AML-60 ou AML-90 reste en service jusqu’en 1997.

 

Soulignons toutefois l'absence de deux unités importantes que sont la compagnie de commandement et des services et la compagnie d'éclairage et d'appui. En cas de guerre, une compagnie de commandement d’appui et des services peut être mise sur pied ad-hoc par amalgame des unités de soutien gendarmerie du plateau de Satory.

 

Sans gloser sur l'opportunité de ces unités, soulignons toutefois que le 1er groupement blindé de la Gendarmerie mobile a vu l'existence éphémère d'un escadron 9/1 doté de mortiers de 81 mm créé le 1er novembre 1981 et dissous le 1er novembre 1983.

 

J’ai eu l’honneur de servir dans ce groupement blindé entre 1999 et 2005 comme grenadier-voltigeur au sein de l’escadron 19/1 de gendarmerie mobile (ex-escadron 8/1).

 

Le 41ème régiment d'infanterie, deuxième unité d’active, est une unité motorisée transportée sur camionnettes tactiques.

 

Sous les ordres dans les années 1970-1980 de la 9ème division d’infanterie de Marine, elle quitte définitivement cette grande unité pour se consacrer à sa seule mission.

 

Pourquoi un régiment d'infanterie d'active pour une zone de défense ?

 

La raison en est simple, la base navale de l’Île Longue regroupe les six sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de la Force Océanique Stratégique. Cette mission ne se limite pas au temps de guerre mais à bien une continuité permanente en tous temps.

 

En cas de guerre et suite à la mobilisation, le 41ème régiment d'infanterie sera épaulé par deux régiments divisionnaires, à savoir les 19ème et le 118ème régiments d'infanterie tous deux mis sur pied et mobilisés à Châteaulin.

 

Le 41ème régiment d'infanterie, après mobilisation des troupes et recueil du matériel, se compose de 1 170 hommes (soit 45 officiers, 160 sous-officiers et 965 hommes du rang) et se voit doté de 249 véhicules divers. Il s'organise en :

 
  • un état-major,

  • une compagnie de commandement et des services,

  • 1ère, 2ème, 3ème et 4ème compagnies de combat,

  • une compagnie d'éclairage et d'appui.

 

 



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